Une diplômée de l’École supérieure de ballet devenue médecin mène une étude sur les danseurs

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Parfois compliquée, la relation entre les danseurs et le corps médical est cruciale, pouvant faire la différence entre un beau parcours et une carrière interrompue abruptement. Pour faire la lumière sur ces rapports complexes et, ultimement, améliorer les soins prodigués aux artistes de la scène, Dre Ève Boissonnault mène un projet de recherche auprès des danseurs professionnels du Québec. Elle sollicite également des jeunes en voie de le devenir, dont les étudiants de l’École supérieure de ballet du Québec.

Elle-même diplômée de l’institution, elle a dansé professionnellement durant cinq ans avant d’effectuer un retour aux études. Son grand intérêt pour l’anatomie et la biomécanique, entre autres, l’a guidée dans son choix. « Même si on arrête de danser, les raisons qui font qu’on aime la danse sont toujours là », reconnaît-elle. Aujourd’hui résidente en physiatrie, Ève Boissonnault croit avoir trouvé le moyen de concilier ses deux passions, soit l’art du mouvement et les sciences.

Son projet de recherche, intitulé « Relation entre les danseurs et le système de santé au Québec: une étude qualitative », est né de réflexions qu’elle a eues lorsqu’elle étudiait à l’École supérieure. « En étant danseuse, j’avais des réticences à consulter un médecin ou un physiothérapeute. J’avais l’impression que je ne pouvais réellement discuter des problèmes que j’avais avec des professionnels détenant un background médical. Je me sentais mieux comprise par un ostéopathe ou un chiropraticien. » Cette impression, elle la partageait avec de nombreux camarades de classe, puis avec des collègues, qui dans certains cas, ont souffert de blessures assez graves pour les forcer à mettre un frein à leur carrière en danse.

« En étant aujourd’hui médecin, je réalise que ce n’est pas tant un problème de connaissances qu’un problème de communication qui, à mon avis, n’est pas si difficile à régler », affirme-t-elle. La littérature scientifique démontre que la problématique est propre à cette discipline artistique et non au contexte sociogéographique, ayant été observée aux États-Unis et aux Pays-Bas.

« Les danseurs ont peur de se faire dire d’arrêter de danser, c’est pratiquement universel. Ils ont aussi l’impression que les médecins ne comprendront pas les exigences techniques de leur métier, relate Dre Ève Boissonnault. Cependant, il n’y a pas de littérature qui atteste que cette peur et cette impression sont justifiées. »

Pour sensibiliser les professionnels de la santé à cet enjeu, Dre Ève Boissonnault souhaite non seulement partager ses résultats lors des congrès, comme ceux de la Performing Arts Medicine Association ou de l’International Association for Dance and Medicine Association, mais aussi les publier dans des revues de médecine sportive ou de physiatrie.

Le projet de recherche se poursuit jusqu’au 31 décembre et, déjà, elle a déjà reçu une centaine de réponses très éloquentes. « Le milieu médical est étonné à quel point les danseurs, chorégraphes, répétiteurs et danseurs en transition répondent avec enthousiasme. »

Une reconnexion avec son alma mater

Diplômée en 2006, Ève Boissonnault garde un fabuleux souvenir de huit années durant lesquelles elle a étudié à l’École supérieure. Originaire de Québec, elle se rappelle avoir été très impressionnée d’arriver dans une grande école et d’avoir pu bénéficier d’un encadrement professionnel. Elle se remémore avec grande joie ses expériences de scène, que ce soit dans le mythique Casse-Noisette des Grands Ballets Canadiens, au Théâtre de Verdure ou en tournée avec le Jeune Ballet du Québec. Elle dit aussi avoir raffolé de l’intensité du programme danse-études: « Nous n’étions que la moitié de la journée au Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie, alors il fallait être deux fois plus performants! » Elle qui a toujours aimé les sciences offrait même du tutorat informel à ses camarades.

« Mon passage à l’École supérieure a été tellement bénéfique, estime-t-elle. Ce qu’on acquiert en termes d’autonomie, de sens des responsabilités et de discipline, ce n’est jamais perdu. » Et c’est parce qu’elle se dit consciente que le milieu de la danse a besoin de gens de l’extérieur qu’elle a accepté sans hésiter de se joindre à la Jeune Scène d’affaires de la Fondation de l’École supérieure. « C’est prenant — et je suis déjà tellement occupée! — , mais c’est mon bonbon. »

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